Le collectif Reims Avant, créé en 2012, rassemble photographes amateurs et professionnels, tous curieux de savoir ce qu’est devenue leur ville pendant la Première Guerre mondiale. A partir de cartes postales de 14-18, ils réalisent des « avant/après » les bombardements. Rencontre avec la présidente, Véronique Valette.
Véronique Valette nous reçoit chez elle. Dans son escalier en colimaçon, des piles de livres. Sur la table basse du salon, des journaux en bazar. « Mon mari est documentaliste », dit-elle en souriant poliment. « Je lui dis de ranger mais bon… » Véronique Valette a 67 ans et des yeux bleus pétillants, parle en html et en « dpi ». Rien ne destinait cette formatrice en informatique retraitée à se lancer dans la photo. « C’était pour le plaisir. » Il y a deux ans, elle rencontre via Facebook des photographes amateurs et professionnels de Reims. Ensemble, ils décident de créer un blog. Le collectif Reims Avant est né.
Pendant un an, ils travaillent à distance sans se rencontrer. Puis en 2012, ils sautent le pas et sont déclarés association par la loi de 1901. Leur projet s’inspire du site Paris Avant. L’idée : à partir de vieilles cartes postales d’avant-guerre, dénichées chez les collectionneurs, ils réalisent des avant/après de Reims. Résultat, on trouve sur le site de Reims Avant des photomontages inédits, sur plus de 80 pages. Si certains quartiers recèlent encore des secrets, d’autres ont été quadrillés. C’est le cas de la Cathédrale ou de la Porte de Mars.
Retrouver les endroits de l’époque, un « jeu de piste » géant
Pour commencer, il faut se munir de cartes postales d’antan, qu’on trouve en abondance chez les collectionneurs de l’association Amicartes 51. Ensuite, « chacun a son appareil photo, on y va la carte postale à la main, et on cherche le bon angle. C’est un jeu de piste. Parfois un seul détail permet d’identifier qu’on est au bon endroit, comme un médaillon sur une façade ! Parfois on ne peut plus se replacer aux mêmes endroits, parce que là où la photo a été prise, ça a été reconstruit. » En effet, la ville de Reims comptait 113 000 habitants en 1913, elle a été presque entièrement détruite pendant la guerre. En 1918, seules 60 maisons tenaient encore debout.
Véronique Valette s’étonne de la richesse des cartes postales représentant Reims pendant la guerre. « On serait incapable d’estimer leur nombre ! » Pourtant, sans elles, le collectif n’existerait pas. Son mari, documentaliste, nous rejoint. « Le gouvernement demandait aux photographes et cinéastes envoyés au front de tout capturer, ça servait à alimenter la propagande, l’idée que ‘ l’Allemagne paiera.’ » L’association aimerait participer aux commémorations du centenaire, mais la mairie de Reims ne leur a jamais répondu. « On est un peu déçus », commente Mme Valette. Leur rêve, ce serait de réaliser « un Google Street en 3D » grâce aux cartes postales de l’époque.
Retrouvez tous les travaux du Collectif Reims Avant sur www.reimsavant.com et sur www.reims.14-18.over-blog.com.